Football en Mauritanie : des hauts et des (bas) / Par Moussa Khairy

Refaire l’histoire du foot ball national constitue un véritable défi. L’évolution de ce sport chez nous se présente en véritables dents de scie. Comme quasiment, tous les autres sports, le foot ball en Mauritanie a eu ses hauts et ses bas.

En cela, certains font erreur en pensant que la petite éclaircie enregistrée depuis quelques années est un fait inédit. Pour ceux qui savent encore se rappeler de quelque chose, certaines équipes nationales de foot ball du milieu des années 70 ont inscrit quelques pages de gloire et immortalisé des noms de grands footballeurs dont la renommée a dépassé les frontières nationales.

En 1983, la prestation de l’équipe nationale au tournoi Amilcar Cabral organisé en Mauritanie est encore dans tous les esprits.

Ces équipes-là rivalisaient avec les plus prestigieuses du continent malgré les moyens très limités que les ministères de l’époque leur allouaient. Evidemment qu’il y a eu aussi des moments beaucoup moins réjouissants pendant lesquels certaines de nos équipes nationales essuyaient des défaites cinglantes qui frisaient l’humiliation.

Il va sans dire que le développement du foot ball est un processus dans lequel plusieurs facteurs sont à prendre en considération dont la qualité du championnat national, la promotion des académies de formation, la découverte des jeunes talents et autres institutionnalisation et professionnalisation des clubs ne sont certainement pas des moindres.

Il est tout aussi évident que l’argent, le nerf de la guerre joue un rôle prépondérant dans cette tentative puisque sans infrastructures dignes de ce nom et sans motivations substantielles au profit des joueurs et des encadreurs, tous les efforts entrepris risquent de ne pas faire mouche. Aussi, seuls le travail sérieux et la bonne gouvernance payent. Les exemples en cela ne manquent pas.

A côté de nous, le Sénégal est certainement le modèle le plus beau et le plus éloquent avec en prime trois trophées de coupe d’Afrique gagnés en à peine une année et une participation honorable à la dernière coupe du monde. Tout cela sans tambours ni trompettes malgré les très bons résultats et des lendemains tout encore prometteurs.

Le jeu en vaut –il la chandelle ?

Il est incontestable que la Mauritanie a fait quelques progrès. La participation à quelques phases finales de la coupe d’Afrique des nations (CAN et CHAN) et l’enregistrement de quelques résultats satisfaisants en constituent une preuve éclatante. Grâce aux efforts des uns et des autres, la Mauritanie revient dans le concert des trente nations africaines les plus footballistiques.

Le mérite de ce blason redoré revient à des hommes, des femmes et des jeunes qui se sont investis pour booster le sport roi dont raffolent des millions de Mauritaniens. La tentative de vouloir exclusivement auréoler une personnalité de ce travail est tout simplement peu objective. L’œuvre de reconstruction de notre foot ball est commune. Chacun y a joué sa partition : du plus simple employé au plus haut perché des fonctionnaires de la fédération nationale de foot ball et du planton du ministère de la jeunesse et des sports au ministre ayant en charge la promotion et le développement des activités sportives.

Sur plus d’une dizaine d’exercice, la fédération nationale de foot ball a engrangé des fonds considérables qui étaient normalement destinés à promouvoir le foot ball. Des choses ont été faites. Des choses restent à faire. Les avis sont mitigés sur le rapport entre les fonds claqués et les réalisations et succès enregistrés. Le jeu a-t-il valu la chandelle ?

Sur cela, chacun y va de son interprétation. En tout cas, la bonne gouvernance du sport constitue aujourd’hui l’une des meilleures garanties de son développement. Les résultats qui y sont obtenus sont généralement proportionnels à la bonne ou à la mauvaise gestion des ressources qui lui sont allouées.

Avec des moyens beaucoup moins substantiels, certains pays de la sous-région ont de loin surclassé la Mauritanie en termes d’acquisition de stades aux normes, de participation régulière aux rendez-vous africains et internationaux et en termes d’organisation de manifestations sportives importantes.

Une mauvaise approche

Quasiment tous les pays du monde ont fait recours à un moment ou à un autre au recrutement de joueurs binationaux dont l’ambition légitime était de jouer pour des pays plus développés en foot ball que leur pays d’origine. En cela, la Mauritanie ne fait pas exception à travers l’enrôlement en équipe nationale de certains joueurs comme Ladji Malle (équipe nationale olympique et joueur du club américain de Los Angelés) dont les dernières déclarations sur l’équipe nationale dans une interview qu’il aurait accordée sont tout simplement déplorables et malheureuses.

L’histoire de ces warners ou mercenaires du foot pose un problème de fond. Y faire recours doit se faire avec beaucoup de vigilance et de méticulosité. Leur utilisation doit se faire avec modération et intelligence pour éviter de barrer la route à des dizaines de Mauritaniens dont la seule ambition est de jouer pour leur équipe nationale et d’atteindre à travers elle le haut niveau au sein de clubs internationaux de renom dont certains comme en France ou en Angleterre exigent des postulants d’avoir été sélectionnés au moins dix à quinze fois dans l’équipe nationale de leur pays.

Au rythme où le recours à ces warners se fait aujourd’hui chez nous, des rêves sont brisés et des ambitions complètement découragées de quelques talents nationaux dont les places sont injustement et irrégulièrement ravies conjoncturellement à l’occasion de quelques expéditions dont les résultats sont généralement peu satisfaisants.

D’ailleurs au regard des derniers matchs de notre équipe nationale, les meilleures prestations ont été enregistrées grâce aux bonnes performances de joueurs mauritaniens bon chic bon genre formés dans des académies ou clubs nationaux comme ….auteur des deux buts marqués contre la RDC en aller et au retour.

Le principe de l’engagement des binationaux n’est pas mauvais en soi tant qu’il ne nuit pas à l’ambition et au rêve des jeunes nationaux qui veulent shooter le foot ball mauritanien au sommet de la gloire grâce à un talent, une volonté et un nationalisme qui résistent à toutes les épreuves.

Par Moussa Khairy