L’Initiative de la Grande Muraille Verte : Une promesse non tenue en Mauritanie
Depuis son lancement en 2010, l’Initiative de la Grande Muraille Verte (IGMV) avait suscité beaucoup d’espoir en Mauritanie et dans l’ensemble des pays saharo-sahariens. Ce projet ambitieux, visant à lutter contre la désertification, la dégradation des terres et les effets du changement climatique tout en favorisant le développement socio-économique des communautés rurales, devait transformer les zones arides et semi-arides du Sahel. Cependant, quatorze ans plus tard, force est de constater que les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes.
Malgré les centaines de millions de dollars engloutis dans ce projet, les résultats en Mauritanie restent largement insuffisants. L’Agence nationale de la Grande Muraille Verte (ANGMV) a échoué à concrétiser les promesses initiales de l’IGMV. Les objectifs fixés, tels que la reforestation massive et la création de moyens de subsistance durables pour les communautés locales, n’ont pas été atteints.
La gestion de l’ANGMV a été marquée par des inefficacités administratives et une mauvaise planification. Le Manuel des Procédures Administratives, Financières et Comptables (MPAFC), censé assurer une gestion transparente et efficace des fonds, n’a pas suffi à prévenir les détournements et la mauvaise utilisation des ressources. Les projets prioritaires et les programmes régionaux structurants n’ont pas été correctement planifiés ni mis en œuvre, laissant les communautés locales dans une situation inchangée, voire aggravée.
L’engagement des partenaires internationaux, bien qu’essentiel, n’a pas permis de surmonter les défis internes. La collaboration avec des équipes techniques et des financiers étrangers, comme celle de la Chine, n’a pas produit les résultats escomptés. Les technologies avancées de gestion des terres et de l’eau, malgré leur potentiel, n’ont pas été adaptées aux réalités locales ou n’ont pas été correctement mises en œuvre.
Sur le terrain, les communautés rurales continuent de souffrir des effets de la désertification et du changement climatique. Les projets supposés générer des revenus et améliorer les conditions de vie des populations locales sont restés à l’état de promesses non tenues. Les activités économiques et environnementales, telles que les fermes modèles ou les techniques de semis aérien, n’ont pas eu l’impact attendu.
La gestion défaillante de l’IGMV en Mauritanie a non seulement sapé la confiance des populations locales, mais a aussi terni la crédibilité du projet au niveau international. L’incapacité à mobiliser efficacement les ressources financières et techniques nécessaires a conduit à une situation où les ambitions initiales semblent désormais hors de portée.
L’Initiative de la Grande Muraille Verte devait être une réponse innovante et concertée aux défis environnementaux et socio-économiques du Sahel. En Mauritanie, malheureusement, elle est devenue le symbole d’une gestion inefficace et d’une promesse non tenue. Pour que ce projet retrouve sa crédibilité et son efficacité, il est impératif de revoir en profondeur ses mécanismes de gestion, de renforcer la transparence et de garantir que les ressources investies bénéficient réellement aux communautés locales. Sans ces changements cruciaux, la Grande Muraille Verte risque de rester un rêve inachevé.